« Mon chien a depuis peu sur le dos une touffe de poil qui pousse à contresens et forme un épi. On m’a dit que ça pouvait être un problème de vertèbre : est-ce que c’est vrai ? »
D’un point de vue ostéopathique, il peut effectivement y avoir un lien entre un épi de poil et une lésion vertébrale, et pour aller plus loin, je dirais que la cause n’est pas forcément un « problème de vertèbre ».
Mais alors, quelles réactions peuvent être responsables de ces changements de poils ou de peau parfois soudain et très localisés ? Et ces causes peuvent-elles être soignées par l’ostéopathie ?
Pour suivre l’exemple cité, les schémas illustreront le cas du chien mais la logique est transposable à tous les animaux.
- La cause ostéoarticulaire : une lésion vertébrale ostéoarticulaire se répercute dans un premier temps localement. Elle entraine une tension et un spasme musculaire ainsi qu’une incidence nerveuse. En effet, au niveau de chaque articulation intervertébrale né un nerf spinal dont certaines ramifications superficielles (appelées « rameaux cutanés ») se distribuent aux muscles cutanés et à la peau (cf. schémas 1 « Schéma d’un nerf thoracique » et 2 « Nerfs superficiels du chien »). Lors d’une lésion ostéoarticulaire vertébrale, ces rameaux peuvent être fortement sollicités. Cette hyperstimulation est souvent le signe d’une lésion aiguë récente. Il en découlera plusieurs symptômes possibles : une hypersensibilité de la région innervée par le nerf qui est due à la présence de fibres sensitives ; et/ou le fameux « épi de poils » qui est dû à la stimulation des fibres innervant le muscle érecteur du poil présent dans chaque follicule pileux (cf. schéma 3 « Schéma des artères et nerfs de la peau »). Sur le long terme, la lésion peut passer à un stade chronique : le nerf va voir sa sensibilité diminuer. Apparaitront alors une diminution de la sensibilité cutanée locale (zone « engourdie »), une diminution de la réaction pileuse et des poils de moins bonne qualité (ternes, secs).
- La cause viscérale : les viscères sont innervés par les systèmes nerveux orthosympathique et parasympathique (qui forment le système nerveux autonome). Ces systèmes sont en lien avec le système nerveux périphérique au niveau de différents ganglions et plexus (plus particulièrement au niveau crânien et pelvien pour le parasympathique, et au niveau thoracique et lombaire pour l’orthosympathique). Tout dérangement d’un organe ou viscère entraine une stimulation amplifiée du réseau nerveux autonome qui l’innerve. Pour reprendre notre exemple initial au niveau vertébral (cf. schéma 1), c’est donc par le biais du ganglion sympathique que cette hyperstimulation se transmet au nerf spinal dont les rameaux superficiels innervent les muscles cutanés et la peau. Les étapes qui s’ensuivent sont les mêmes que celles décrites dans le précédent paragraphe.
Dans ces deux descriptions, le lien nerveux est le principal conducteur décrit car il est simple à expliquer et à visualiser. C’est également le principal mis en cause dans la réaction pileuse décrite. Cependant, il existe de nombreux autres tissus capables de « diffuser » une lésion ostéopathique. Les fascias, les os, la moelle épinière, le réseau vasculaire, les membranes du système nerveux central, les muscles et les ligaments sont autant de structures impliquées dans les chaines lésionnelles ostéopathiques, et la liste pourrait être allongée.
De manière générale, l’ostéopathie est toute indiquée dans le traitement de ces lésions. Néanmoins il est nécessaire d’en identifier la ou les causes. Et les possibilités sont multiples chez toutes les espèces :
- Chute ou trauma ; effort intense (mise-bas, compétition, etc.) ; travail, matériel ou ferrure inadaptés (harnais, selle, ferrure, etc.) ; pathologie, intervention chirurgicale passée, sont autant de causes de lésions ostéoarticulaires.
- Médicaments ; alimentation ; pathologie ou parasites digestifs ; chocs émotionnels, changement physiologique important (mise-bas, reprise du travail, stress, etc.) ; intervention chirurgicale passée constituent une liste incomplète des possibles causes de lésions viscérales.
Si la cause n’est pas un évènement passé (mise bas, intervention chirurgicale passée, choc émotionnel par exemple), il convient de l’éliminer (travail, ferrure ou matériel inadaptés, stress, pathologie) avant le traitement ostéopathique. Pour cela, l’ostéopathe travail en complémentarité de beaucoup d’autres métiers : vétérinaires, maréchaux-ferrants/podologues, éducateurs canins, dentistes, bit et saddle-fitters, comportementalistes, etc. La liste n’est ici pas exhaustive !